
Randonnée à la cabane d’Orny est une bonne introduction au vrai monde alpin. Située à 2’811 m au-delà des crevasses béantes du glacier d’Orny et entourée de sommets enneigés, la cabane se trouve dans un endroit magnifique offrant un panorama splendide.
Départ à la cabane d’Orny en Valais
« Nous avons des familles qui viennent avec leurs enfants, » nous répond une dame sympathique au téléphone quand nous nous renseignons sur la difficulté de la randonnée. C’est décidé, ce week-end nous partons en Valais à la cabane d’Orny. Trois amis nous rejoignent, dont un couple qui n’a jamais fait de vraies randonnées en montagne.
« Vous avez un sac de couchage ? Achetez-en un, » je donne les derniers conseils avant le départ. « Surtout n’oubliez pas de prendre vos vestes chaudes. Malgré la chaleur, il peut vite faire froid en montagne, » je m’assure de couvrir toutes les bases pour que notre randonnée ne tourne pas en catastrophe.
Randonnée de Champex-Lac à la cabane d’Orny
On se gare à Champex-Lac, on visite le village et on passe du temps au bord du lac avant d’entamer notre randonnée. Nous ne sommes pas pressés. La journée est belle et la randonnée est facile. « Nous avons même des enfants qui viennent chez nous », on se souvient des paroles de la gardienne de la cabane.
De Champex-Lac, nous avons deux choix : prendre le télésiège de la Breya ou faire une randonnée entièrement à pied. « Nous allons à pied, n’est-ce pas ? » mon mari Errol ne nous laisse pas le choix. Nous sommes ici pour faire de la randonnée après tout. Une erreur, mais on ne le sait pas encore …
Nous commençons la montée parmi des mélèzes sous la ligne de télésiège qui se révèle longue et monotone, sans trop d’intérêt si ce n’est que de nous réchauffer. Une fois arrivés à la station supérieure de la Breya avec son restaurant, nous empruntons le sentier situé au-dessus de la Combe d’Orny. Le chemin débute en pente douce et durant la première heure de marche à la cabane d’Orny nous ne gagnons que peu d’altitude. Mais il faut avouer nous faisons des pauses fréquentes.
Plus tard le sentier devient étroit, avec des pentes raides et même vertigineuses. Certains passages sont équipés de chaînes pour plus de sécurité. Et apparemment pour une sensation plus forte de la montagne en jugeant par les expressions du visage de nos amis. Pour eux, c’est une introduction inattendue au monde alpin. Nous croisons des groupes d’alpinistes équipés hi-tech et portant des vêtements aux couleurs vives, avec des piolets et des crampons attachés à leurs sacs. Nous sommes apparemment les seuls à ne porter aucun équipement.
La vue s’ouvre, mais le ciel se couvre. Au fur et à mesure que nous avançons, le temps se dégrade. La brume arrive peu à peu, et bientôt le brouillard est trop dense pour que mon appareil photo n’arrive pas à faire la mise au point. Un bel orage nous arrive dessus. La visibilité est presque zéro quand nous arrivons à un des passages équipés des chaînes. Le chemin est trop étroit pour rester et attendre que la tempête passe. Nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à avancer. Nous enfilons nos polaires et nos vestes en Gore-Tex. Une amie à nous met également sa « veste » … qui s’avère être quelque chose de coton, ressemblant vaguement à une polaire à manches longues.
La pluie nous pousse à la limite. Nous sommes maintenant complètement trempés … Nos amis gèlent. Mais nous continuons à marcher. Comme si le brouillard et la tempête ne suffisaient pas, une violente grêle arrive. Nos vestes offrent une protection douteuse.
Au bout d’un moment, nos amis suggèrent de faire un demi-tour. Mais le problème est que nous ne savons pas si nous sommes plus proches de la cabane d’Orny ou de notre point de départ. Nous décidons d’appeler la cabane pour vérifier. « Où êtes-vous ? » la dame au téléphone semble un peu inquiète. Nous sommes quelque part dans les montagnes, près d’un virage avec de gros rochers … Non, ça n’aide pas. « Avez-vous des bâtons de marche ? » elle continue à nous questionner. Nous annonçons fièrement être bien équipés. « Eh bien, vous devez les laisser quelque part… Le métal attire la foudre », dit-elle d’un ton qui n’admet pas la moindre réplique. Nous cachons nos bâtons derrière les rochers et décidons de continuer à marcher jusqu’à la cabane.
La foudre est trop proche ; le flash et le bang sont presque instantanés. Le sentier devient plus raide avant d’atteindre la moraine du glacier d’Orny. Toujours pas de cabane … A chaque virage, on s’attend à voir la cabane sortir miraculeusement du brouillard, mais notre ascension nous paraît sans fin. Nous sommes fatigués, nous avons froid et nous ressentons le désespoir de nos amis … C’est leur première randonnée. Peut-être leur dernier aussi …
Enfin, on aperçoit une silhouette de la cabane d’Orny. Le mot soulagement est très loin de la réalité. Après les derniers efforts pour gravir quelques mètres avant d’atteindre la cabane, nous sommes chaleureusement accueillis par la gardienne. Nous sommes trempés et nos jambes et nos mains sont engourdis par le froid. Nos amis se sentent comme des survivants, presque des héros.
Cabane d’Orny
Au moment où nous arrivons à la cabane, tout le monde a déjà fini de manger. Des bouteilles vides sont alignées sur les tables en bois, le témoignage évident de la fête. Mais quelques minutes plus tard, notre dîner est servi. Le rösti, un plat de pommes de terre typiquement suisse mieux décrit comme un croisement entre des pommes de terre rissolées et une crêpe de pommes de terre, a le goût d’un chef-d’œuvre gastronomique. Oubliez le vin, nous optons pour les choses hardcore – le kirsch, une boisson forte à base de cerises et Poire Williams, une eau-de-vie produite à partir de poires Williams. Mais le meilleur est un radiateur portable fourni par nos sympathiques hôtes. Nous pensons tous que nous pourrions passer la nuit à dormir autour.
Quand nous nous levons le lendemain matin, la plupart des gens sont déjà partis escalader les rochers à proximité. Nous les apercevons de loin. Certains quittent la cabane aussi tôt qu’à 4 h du matin. La cabane aurait dû être bien pleine à en juger par le nombre d’alpinistes. La première cabane construite en 1876 en pierre pouvait accueillir 10 personnes. Elle a été remplacée en 1893 par une cabane en bois. L’actuelle cabane d’Orny a été construite 150 m plus haut en 1975, et sa capacité a été augmentée en 1985 pour accueillir environ 90 personnes.
Nous voyons un groupe d’alpinistes avec piolets et crampons passer entre les crevasses en direction du glacier. Quant à nous, nous prenons notre temps. Situé à 2’811 m entre deux petits lacs en face du glacier d’Orny, l’endroit est magnifique. Nous prenons tranquillement notre petit-déjeuner et faisons une promenade autour du lac avant d’entamer notre descente. Aujourd’hui est une magnifique journée ensoleillée et le panorama sur les sommets alpins enneigés est splendide. Nous nous regardons et décidons que nous aimerions refaire cette randonnée.
Le retour s’effectue par le même chemin sauf que cette fois-ci nous le télésiège.
Information pratique
Accès : La cabane d’Orny se trouve dans le canton du Valais en Suisse, dans la partie suisse du massif du Mont-Blanc. Située à 2’811 m d’altitude, elle est accessible depuis Champex-Lac en prenant le télésiège de la Breya ou entièrement à pied par la Combe d’Orny.
Temps de marche :
Randonnée à la cabane d’Orny depuis Champex-Lac avec le télésiège de la Breya: 2 h 30
Randonnée à la cabane d’Orny depuis Champex-Lac à pied par la Combe d’Orny: 4 h 30
Difficulté :
Randonnée depuis Champex avec le télésiège de la Breya: T3 (randonnée en montagne exigeante), 600m de dénivelé.
Randonnée depuis Champex-Lac par la Combe d’Orny: T3 (randonnée en montagne exigeante), 1’300m de dénivelé.
Hébergement : La cabane d’Orny est ouverte toute l’année, mais gardée seulement en été – de début juin à fin septembre. La cabane offre des dortoirs avec matelas, oreillers et couvertures. Pour des raisons d’hygiène, tous les visiteurs sont tenus d’apporter un sac de couchage léger ou un “sac à viande”. La cabane propose une demi-pension (repas du soir, nuitée, petit déjeuner). Réservations sont obligatoires. Cabane d’Orny fait partie du Club Alpin Suisse (CAS), offrant des rabais à ses membres.
Écrit par ANYWAYINAWAY
Olga et Errol est le couple Russo-Suisse derrière ANYWAYINAWAY. Passionnés par la culture et les traditions, ils ont décidé de faire une pause dans leur carrière et d'explorer le monde avec l’intention de fournir de nouvelles perspectives à la compréhension des minorités ethniques, des coutumes, des traditions et des cultures. Ils montrent également de la beauté de notre planète et essaient de trouver quelque chose d'intéressant dans l'ordinaire.
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